Le travail frontalier est indissociable de la représentation du Grand-duché de Luxembourg. Il constitue un élément clé de son économie nationale. Depuis plus de 30 ans, le nombre de travailleurs frontaliers résidant en France, en Belgique et en Allemagne n'a cessé de progresser. Aujourd'hui, 192 520 personnes franchissent quotidiennement la frontière pour se rendre sur leur lieu de travail au Luxembourg (STATEC, 2018). Ces navetteurs, qui représentent 45% de la main-d'oeuvre employée au Luxembourg, se composent pour plus de la moitié de frontaliers français (51,8%) et pour l'autre moitié, à part quasi égale, de frontaliers allemands (24%) et belges (24,2%). Pour la seule année 2017, alors que 14 334 emplois sont créés au Luxembourg, 53,7% d'entre eux sont occupés par des frontaliers. Ainsi, chaque jour ouvré, en moyenne, le contingent de frontaliers vient s'enrichir de 31 navetteurs supplémentaires. Cette tendance n'est pas prête à s'infléchir si l'on en croit différentes projections; au contraire, selon certains scénarios prospectifs, le phénomène frontalier tendrait même à s'accélérer.
L'évolution conséquente du nombre de frontaliers engendre des transformations dans leur répartition spatiale. Celles-ci se concrétisent, d'une part, par un étalement de l'espace résidentiel frontalier, et d'autre part, par une densification dans certaines zones proches des frontières. Plusieurs pôles de résidences frontaliers se sont constitués ces 25 dernières années, aux abords de la frontière française autour de Thionville, Villerupt ou Longwy, ainsi qu'en Belgique autour d'Arlon. D'autres pôles plus éloignés émergent également, avec une densité importante de frontaliers, à l'instar de Trèves en Allemagne et de Metz en France. Actuellement, l'espace résidentiel frontalier couvre la majorité de la frange frontalière avec cependant quelques discontinuités vers le nord du Luxembourg.
Le fort éloignement entre le domicile et le travail est l'une des principales caractéristiques des frontaliers travaillant au Luxembourg. Ainsi, la distance moyenne parcourue quotidiennement pour se rendre sur le lieu de travail se situe entre 34 et 42 km selon le pays de résidence (Modu 2.0, 2018). Ces distances sont bien supérieures à celles parcourues par les actifs travaillant dans leur pays de résidence. Ainsi, un frontalier français travaille en moyenne à 34 km de son domicile alors que pour la moyenne des actifs français travaillant en France, cette distance est de 15 km seulement. Les frontaliers passent également beaucoup de temps dans les transports, notamment au regard des actifs travaillant dans leur pays de résidence. Leur budget temps de transport, qui représente le temps total passé à se déplacer pendant un jour de semaine de travail, s'élève à près de deux heures, alors que la moyenne est de 1h07 pour les actifs français par exemple. Du point de vue de l'organisation horaire quotidienne, ces frontaliers partent tôt au travail. Plus de 50% d'entre eux quittent leur domicile avant 7h du matin. Outre la longueur du trajet, ce sont principalement les encombrements et les divers aléas de la route qui contraignent les frontaliers à ces horaires matinaux. Toutefois, les frontaliers ayant des obligations familiales (ex: dépôt des enfants avant d'aller au travail) partent en moyenne plus tard et se retrouvent affectés par la congestion routière. Les usagers des transports en commun (TC) ont des horaires de départ plus resserrés que les automobilistes. Plus de ¾ d'entre eux quittent leur domicile entre 6h et 8h. En dehors des heures de pointe, peu de frontaliers utilisent les TC. Cette concentration des déplacements entraîne la saturation de certains services de trains ou de bus, qui atteignent leurs limites de capacité.